un prof au cameroun

Waouhh ça fait un bout de temps que je ne me suis pas penché sur mon blog !

Le temps passe très vite, cela fait plus de trois mois que je suis ici, j’ai l’impression que ça fait super longtemps mais à la fois que c’était hier.

Chaque soir je me dis prends le temps d’écrire, ben non soit c’est le boulot, soit la zic ou les sorties. Je fais tout un de choses et vis tout un tas d’expériences, je vis à cent à l’heure ! C’est cool ! Mais crevant, je n’ai plus 20 ans !!!

Alors par où commencer ?

Tout d’abord le taf vite fait !!!

Du boulot en veux-tu en voilà, mes élèves sont adorables au possible, avec eux je me fends bien la gueule,  Par exemple, pour rentrer en classe, pour qu’ils soient calmes (enfin façon de parler), je les fais rentrer en faisant la choré de thriller ! Ils assurent grave!!!!Je fais des glissades dans la classe avec mes sandales, bref vous voyez c’est cool. L’ambiance de l’école est sympa, le midi on est un petit groupe à rester bouffer et on se marre bien !

A part ça la chorale…. Je l’ai quittée. Trop religieuse pour moi. En voilà une anecdote bien sympa. Je suis rentré le jeudi soir de ma troisième répétition complètement chamboulé, en me demandant si tout ce que j’avais vécu était bien réel. Les chants trop curé, trop gnagnan entrecoupés de quelques chants traditionnels merveilleux mais aussi tournés vers Jésus et compagnie. Durant toute la séance je me suis même demandé si je ne préfèrerais pas chanter du Lara Fabian voire du Patrick Fiori et surtout Garou. Ce dernier étant adulé ici, un truc de malade. Un dieu ! Bref, voilà pour les chants. Puis en fin de séance, Patrick (un des très nombreux membres du bureau) me demande de remplir une feuille de renseignements…. A garder précieusement! Il me fallait renseigner le nom de ma paroisse, mes prières, combien, quoi, qui, avoir le cachet d’un prêtre, ou pasteur.  Alors je lui dis que je vais être direct et lui poser une question franchement.

« Et si je ne suis pas vraiment pratiquant ça pose un problème ? » Vous voyez je nuance !

La réponse fut négative, mais franchement je ressentais ma présence comme quelque chose de limite déplacé et irrespectueux. Car lorsqu’ils chantent, je vous assure qu’ils mettent du cœur à l’ouvrage, interprétation et tout et tout ! Et je ne cesse de me dire mais merde je ne peux pas chanter de telles paroles quand même !!!

Bref, je lui dis que je la remplirai plus tard, que je vais prendre le temps de bien le faire. En plus, j'étais en période d’observation, et oui je n’aurais pu être choriste titulaire qu’après cette période en ayant fait mes preuves. Les boules, pire que le conservatoire, car là franchement t’en as des yeux qui te matent pendant deux heures tous les jeudis soirs.  Ouf ! Sorti de cette galère ! Mais je n’avais pas encore pris ma décision à ce moment de quitter le groupe Après cet entretien il me dit ce soir nous allons chanter à une veillée. Bon ok il est 21h30, je suis crevé et me dit que le temps de rentrer et tout et tout que je vais être encore mort demain au taf. Mais bon je lui dis ok mais pas longtemps.

Veillée ici c’est veillée funéraire, fallait le savoir… je me retrouve dans un quartier terrible, des ruelles entre des tôles, des habitats en tôle. Nous passons entre motos et population. Nous arrivons sur une sorte de place, style place de quartier, avec des tentes de montées. Une place pour inter choir (la chorale) Nous chantons, devons parfois à tour de rôle prendre le micro et chanter (enfin hurler) des « alléluias ! »!!!! Ça commence…. Puis nous allons dans une autre ruelle au bout de 30 minutes de chants (des très beaux ceci dit) puis dans une case… la maison du défunt ! Il était là d’ailleurs !!! Ah non!!! vous auriez vu ma tronche je crois que je devais être vert, jaune et blanc oui tout ça en même temps. J’en plaisante mais franchement je me suis senti vraiment mal et en plus de ça, pas du tout à ma place. Un sentiment pas du tout agréable, mais comment repartir ? par où ? un moyen de transport ? Je dis à Christian (le chef de pupitre des ténors) que je dois sortir, que je ne me sens pas bien. Il sort avec moi et nous retournons aux tentes il me tend une espèce de sandwich avec je ne sais quoi dedans, et là encore tu te dois de bouffer, de le faire pour ne pas blesser. Je mange. Pas mauvais mais je n’ai pas osé regarder ce qu’il contenait. Un goût de viande que je ne connaissais pas, je préfère ne pas savoir ! Beurk !

Puis la bière ouverte avec les dents évidemment et là … j’ai demandé à Christian de me l’ouvrir, je tiens un minimum à mes chicots !!! Nous sommes délogés car un autre groupe de personnes est programmé à ce moment (les veillées sont organisées, un truc de fou avec des flyers et tout et tout) Il ne faut pas laisser il me dit, et moi je réponds intérieurement « putain une 66cl cul sec !!!!», une chance que je commence à avoir le rythme (expression locale ici) ! D’ailleurs va falloir que je boive autre chose car paye ton ventre de buveur de binouzes !!!

Bref il me conduit à un endroit où je peux trouver un ben skin. Une rue, une route défoncée. Je grimpe sur une moto, Christian avait négocié le prix et lui a demandé d’être prudent (je n’ai su que plus tard ce qu’il lui avait dit car ils avaient parlé en dialecte, le douala). Il se met à pleuvoir, mais vraiment … les trous se remplissent à vue d’œil les routes inondées, et moi sur la moto fermant les yeux. Bref, je résume j’ai flippé mais je suis rentré en entier, bien trempé. Mais je commence à en avoir l’habitude. Une autre fois, idem à une terrasse de snack (maki) avec deux collègues, de l’eau jusqu’aux mollets !! Je suis donc rentré, blasé !!! Faible euphémisme !

Sachez en tout cas qu’en trois mois beaucoup de choses qui me paraissaient bien étrangères ne le sont plus aujourd’hui. Mon quotidien est, comme celui de beaucoup de personnes, par contre je mets tout en œuvre pour vivre plein de choses qui ne peuvent l’être qu’ici.

J’ai rencontré un percussionniste et un guitariste. Nous montons un groupe, pour le moment nous nous bâtissons un répertoire de reprises. Ils sont doués pour ça, on bosse bien, c'est super cool! Ca va de la musique française, variété (qu’ils adulent ici), alors là je négocie puis on trouve des terrains d’entente bien fun ! à plein d'autres styles.

quelques titres: many rivers to cross, no woman no cry, summertime, roxanne, beatles, … né qq part, asimbonanga, let it be en langue douala, Je m’éclate à bosser ces titres, nous avons fait pour le moment qu’un mini concert, mais d’autres arrivent vite et nous devons avoir plusieurs titres bien rôdés. On se met doucement à la composition aussi !!

Voilà, je vais terminer là pour ce soir, je dois dormir, j’ai un métier moi !

Prochainement le récit des vac de la toussaint.

Des bises

Yo de Douala