un prof au cameroun

le bilan, 7 mois

Voilà près de 7 mois que je vis hors de France, loin de mon seul et unique environnement jusqu’à présent. Bref, une vie d’expatrié. Avec tout ce que cela implique. Les belles découvertes, les voyages, les rencontres, mais aussi les moments de blues, les moments où tu te sens loin, quelque peu esseulé. Les périodes où rien ne va, les mauvaises nouvelles s’enchaînent et que tu dois gérer et garder le cap.

C’est qu’au terme de ces 7 mois que je peux faire une sorte de bilan de mes aventures, que je peux vraiment faire le point de ce que je vis …… alors rien ne vaut le « j’aime », « j’aime pas ». (Merci V.C)

J’aime :

- Le climat, car même si parfois je peine à supporter la chaleur étouffante de Douala. Que c’est appréciable de se lever chaque matin et d’ouvrir ces rideaux et ainsi découvrir ce ciel bleu et doucement lumineux !!! Et stop aux pulls, manteaux, écharpes, …. Même aux chaussures. Non pas que je marche pieds nus, non : J’aime les tongues !

- Le chant des oiseaux d’ici, dont je ne connais toujours pas le nom et qui créent une super ambiance « nature et découverte » quand on est en terrasse.

- Les « bonsoir » même le matin, des gens dans la rue. Des gardiens des commerçants et ce même si tu ne comptes rien acheter. Les coucous quand tu passes devant des connaissances en moto.

- Me balader dans les rues défoncées de Douala en moto. Passer entre les voitures au conducteur maboul.

- Les frites de plantain, les fruits d’ici de manière générale.

- Manger le poisson grillé dans la rue avec les doigts et me dire à chaque fois «putain j’ai encore trop mis de piment ! ».

- Boire la castel et trinquer avec des gens rencontrés dans les snacks. Et débattre sur les actualités. Apprendre et partager avec des personnes différentes.

- Voyager à la découverte de nouveaux paysages de ce merveilleux pays qu’est le Cameroun. Il ne porte pas le nom d’Afrique ne miniature pour rien. Il y a tout ! Forêt, désert, mer, plage, volcans, animaux !!! D’ailleurs suivra le récit des vacances de février dans le nord.

- Les soirées passées au bord de la plage, grisé par une belle journée et avec ce vent qui rebooste. - Aller à Kribi et entendre : « bananes !!! » ; « bâtons » (pour le manioc)…

- Prendre les transports en commun et vivre à chaque fois une ou plusieurs aventures mémorables en chemin. Par exemple : tout un car qui appelle une de tes potes baroudeuses qui n’arrive pas à pisser au bord de la route, face à tout le monde, durant une pause pipi éclaire. Etonnant non ?

- Cette aventure musicale que je vis. Une superbe expérience, voyager faire des rencontres avec des musiciens dans le cadre de projet d’album. Merci Jam Lam.

- Me retrouver dans ma bulle le soir à surfer sur le net en triant les infos de France.

- Quand j’ai le temps, écouter France inter en podcast. Et l’émission de mon pote Mat ! Radio balistique. London calling (10 000 FCFA la pub !)

- Recevoir les cadeaux de mes élèves, ben quoi, la corruption à tout âge, c’est tout ! - Les expressions locales, négocier.

- M’apercevoir que je commence à maîtriser quelques rouages et us d’ici. Car c’est vraiment très cosmique parfois pour obtenir des choses simples comme des billets de train.

 

Je n’aime pas :

- La lenteur que des choses simples peuvent prendre. Réparation d’une chasse d’eau comptez en moyenne 6 mois, changez la pièce 12 fois, pour vous dire que finalement elle restera cassée.

- Les coupures d’eau et d’électricité aux heures fatidiques, du style, pas prévoyant pour deux sous, un photocop’ pas faite en avance pour la taf et rien sous le coude d’avance te hop t’es dans la merde. Ou alors le matin, pas de douche possible avant le taf, car la veille tu as fait ton fainéant et tu n’as pas rempli de bassines.

- Le rapport que certains blancs fortunés adoptent envers les camerounais et même envers l’instit de leur gamin. La puissance ressentie quand on peut asservir !!!

- Ces différences qui semblent encore insurmontables pour que nous ne soyons pas vus ici comme colons. Hélas, le pouvoir économique du pays n’est pas entre les mains de camerounais. Quelle autre image pourraient avoir les camerounais de ces blancs qui roulent en énorme 4X4 et qui ne sont même pas assez civilisés pour descendre de leur tank pour acheter leurs légumes. Des jobs réservés, des camerounais diplômés et sans job.

- Ces riches qui font des enfants et les livrent à des nounous et ne sont jamais avec eux. Car j’ai des gamins qui sont pour la plupart en manque d’affection, ils restent seuls chez eux avec des gardiens durant parfois des jours sans voir leurs parents qui rentrent tard le soir. Pour faire signer un quelconque mot c’est mission impossible.

- Le sentiment que j’ai quand une erreur de débutant aurait pu être évitée. Ben oui je me suis avoir bien des fois. Au terme de ces 7 mois comment peut-on avoir la preuve qu’une confiance soit possible ? A mon avis au terme de cette aventure peu seront les camerounais devenus amis, et j’espère vraiment me tromper. Vraiment ! Mais sincèrement, que c’est dur d’instaurer un rapport d’amitié quand le fric est toujours une donnée qui fausse tout. Les différences culturelles sont certes très importantes mais ne créent pas ce climat de suspicion. Les camerounais, partagent énormément, dans les villages, quel accueil à chaque fois !!! Mais en ville tout est différent.

- Douala. Définitivement ça va être dur de s’acclimater vraiment à cette ville. Mais peu à peu on s’y fait. On ne l’adopte pas et elle non plus d’ailleurs, mais on met sous silence et on fait surtout abstraction de beaucoup de choses. On se doit d’apprendre les règles ! Se dire qu’il faut être prudent, et pas faire du n’importe quoi.

- Ressentir cette solitude. Loin des siens en cas de coups durs, c’est vraiment une chose que je ne souhaite à personne. La perte de mon ami Fréd fut pour moi une expérience très difficile, loin de ses repères pour surmonter une telle peine……….

- Les cafards dans les snacks qui passent entre tes pieds.

- Les moustiques, alors c’est la merde… vraiment !!! tu ne peux rien y faire même en bourka ces salopards te chopent.

- Le palu bien évidemment, trop de morts! Certains collègues l’ont et franchement ont parfois des crises qui foutent les boules.

-pas voir les petits bouts de choux grandir!!! Bisous mon Nath!

 

Certes cette description ne dévoile pas tout. Mais rien ne vaudront les récits et échanges lors des retrouvailles. Le sentiment aussi que peut avoir un expat’, c’est ce besoin de rentrer au pays. Déjà pour se reposer de la chaleur. Oui cet été je serai en France à la bonne saison…. ;-) Et aussi et surtout pouvoir se ressourcer auprès des siens et également que diable, se gaver de fromage et boire du vin !

 

A bientôt…



04/04/2011
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